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lundi 5 mars 2018

Un journaliste "objectif" serait un militant inconscient

Les journalistes revendiquent leur subjectivité, sans afficher leur engagement

Les écoles de journalisme forment des militants

Ils ne le savent pas, mais ils ont été déformés à la même idéologie. 
"Le problème des journalistes, c’est qu’ils sont tous de gauche", entend-on dire ici et là. S'ils sont toutefois les seuls à ne pas en avoir pris conscience, bien qu'ils se sachent pour le moins mal-aimés du public, c'est qu'ils sont confortéstant ils se ressemblent les uns les autres, dans l'illusion de la justesse de leur pensée puisqu'elle est largement partagée par le milieu, et dans leur supériorité non démontrée, persuadés d'appartenir à l'élite, puisqu'ils reçoivent des marques de déférence des acteurs politiques. Pleins d'une assurance qu'ils doivent au travail en équipe en amont, ils ne valent que par l'habileté de la préparation des échanges de questions-réponses, entre eux ou avec les invité-e-s : tout est convenu et rédigé, quand le numéro n'est pas scénarisé et dramatisé, notamment par les animateurs, bardés de fiches et d'oreillettes qui rendent tellement intelligent, pour peu qu'ils sachent lire et y mettre le ton. A cet égard, Bruce Toussaint, parmi les autres interprètes de l'actualité, est particulièrement représentatif de la mise en scène de l'information, jusque, et inclus, les débats.  
C'est ainsi qu'ils s'autorisent à couper la parole ou à couvrir la voix des élus, ce qu'ils ne sont pas, puisque leur invité-e leur donne du 'monsieur Bourdin' et du 'madame Elkrief'. C'est ce qui fait, outre le régime fiscal qui leur est particulier, qu'ils se croient habilités à "décrypter" (un abus de langage), à nous expliquer, forts de leur bagage commun à base de progressisme et de vertu, lardés d'arrogance, dont la contestation vous expose, en démocratie, aux noms d'oiseaux les plus infamants, ce qui, venus de staliniens et autres totalitaires, sectaires et écolos radicaux, ne manque pas de sel de Silésie. L'insolente solidarité professionnelle fait le reste, sur quoi la déontologie professionnelle n'a pas prise. 

Ce qui est inexcusable aux journalistes est leur positionnement politique non assumé

Il nous est à tous arrivé de nous interroger sur l'identité réelle d'intervenants anonymes qualifiés de spécialistes ou d'experts, qui sont en fait membres d'un institut ou 'think tank', de réseau, de collectif ou d'association subventionnée. Selon le thème abordé, personne ne ressemble plus à un 'Frontiste' qu'un "Mélenchonien' et inversement. Les Juppéistes sont présentés comme des élus Les Républicains qui seraient représentatifs du parti, s'ils n'étaient pas minoritaires. 
Or, de même que ne sont pas précisées les nuances de rose dans une même rédaction, singulièrement de service public, de même n'est pas souvent indiquée l'organe de presse auquel appartiennent les journalistes invités à leur rédaction. Une mégère comme Jannick Alimi qui, avec véhémence et grossièreté, vibrionne d'un plateau à un autre consacre-t-elle autant de temps à la sous-direction rédactionnelle du journal qui l'entretient (Le Parisien) qu'à la propagande pro-Macron qu'elle étale chez ses confrères - telle Radio France - amateurs de ses parti-pris 
Un indice: 'les bons' sont assis d'un côté et 'les méchants', de l'autre. Mais les uns et les autres préfèrent parfois pouvoir échanger furtivement, en face à face, et se répartir ainsi les prises de parole. On aura aussi noté que certains chroniqueurs ou éditorialistes servent de leurre, tel Eric Brunet, chroniqueur sans malice et prévisible. Ils ouvrent les voies royales de la polémique aux Clémentine Autain, visière étoilée sur les yeux, ou au godillot Laurent Neumann, sourire méprisant aux lèvres.
  
La critique des media inclut leur sentences moralisatrices, leurs partis-pris présentés comme des évidences indiscutables et l’hypocrisie qui leur fait prétendre que leurs opinions politiques sont aussi libres qu'objectives, sans impact sur leur propos. Scientifiques, en somme, comme peuvent l'être les sondages d'opinion par des sociétés commerciales sous contrat avec un organe de presse (ou plus) et affublées du titre, jusqu'ici respectable, d' 'institut' ! 

La presse de gauche intimide par sa puissance de frappe

La critique de ces media socialistes aux mains d'entrepreneurs multi-millionnaires français ou franco-quelque chose vous fait étiqueter dans la terrible fachosphèrecette "nébuleuse" aux contours flous à souhait, mais cul-de-basse-fosse où sont précipités, du haut des donjons partisans et médiatiques, tous les exclus du microcosme, dont un récent ouvrage a montré le caractère hétéroclite, tout en mettant en évidence le critère unique - comme la 'pensée unique' - et constant, commun et identifiable, de cette galaxie, des fascistes - plutôt que des staliniens - , sans autre marqueur idéologique clair que d'être des contradicteurs en opposition systématique aux media souverains, voire ploutocrates et même dictatoriaux, diffusant les éléments de langage du banquier-président, dépendants de l'argent, mais qui sentirait bon le progressisme et l'humanisme, plus supposés que réels et dont l'actualité ne cesse pourtant de mettre en évidence le peu de vertu fiscale ou sexuelle. Cette presse insolente, bien qu'aux ordres, méprise "les gens" : soit elle en formate les esprits, soit elle les brise - et les réseaux sociaux y prennent leur part - , avec le même objectif terminal, leur asservissement physique ou intellectuel. 

Ceux que cette réalité simple choquerait, il faut pourtant indiquer, au risque de les perturber, qu’il existe des média autorisés et d'autres qui ne le sont donc pas. Ce qui signifie que certains média sont déclarés 'institutionnels', tandis que d'autres n'ont pas droit de cité : il est permis de citer les premiers dans une revue de presse, mais les seconds y sont interdits. Ainsi, la liberté de la presse étant ce qu'elle est en démocratie, Claude Askolovitch (par ailleurs détestable de parti-pris grossier et véhément) s'est fait rappeler à l’ordre pour avoir nommé le sulfureux site 'fdesouche' dans sa revue de presse, sur France Inter. 
En d’autres temps, signe que la liberté de la presse avance en marche arrière, sur la même antenne, le journaliste Fabrice Le Quintrec avait appris à ses dépens qu'il n’avait pas le droit de citer 'Minute' ou 'Présent' dans la sienne. Sa propension à ne pas respecter l’omerta sur les publications d’extrême droite et à les inclure parfois dans ses revues matinales lui valut l’hostilité croissante de ses " confrères", alors même que, parallèlement, il citait très largement la presse d’extrême gauche, ce qui ne pose aucun problème. Celui qui signe occasionnellement des articles sur les journaux en ligne Atlantico ou Boulevard Voltaire est mis au placard en 1998, pour dix ans. Il ne reviendra à l’antenne qu'en 2008, après avoir fait condamner Radio France à deux reprises (par les prud’hommes en 1999 et par le tribunal de grande instance en 2006).

La seule tare constante et inexpiable, signe d’appartenance à la fachosphère, est donc le fait de contredire le discours médiatique dominant. Il suffit de peu pour verser au fossé profond d'où nul ne ressort jamais indemne. 
Les media dominants hésiteront-ils à inclure dans la fachosphère Le Média, nouveau pure media d'information de Sophia Chikirou, conseillère en communication de Mélenchon, et Gérard Miller, psy sectaire, proche de La France insoumise ? Gageons que non ! Pourtant, le côté dieudonnesque de la France Insoumise, dont le Média est l’organe d’information officiel, pourrait à lui seul justifier ce classement. Pour l’heure, l’émergence du Média, sorte de TVLibertés de gauche, donne une audience et une visibilité à un discours habituellement, et trop facilement, associé à l’extrême droite. Dans la démarche qu’adopte le Média apparaît en creux une critique des media dominants, chère à Mélenchon et à Alexis Corbière, encore ce matin, face à JJ. Bourdin : Le Média s’affiche comme "engagé" et ses concepteurs n’hésitent pas à dénoncer l’hypocrisie du mythe de la neutralité journalistique. Il est donc incroyable que le Média ait à se défendre d’être la Pravda parce que, mis à part son positionnement politique très à gauche, il s’apparente bien moins a priori à un organe de propagande de masse que Cnews Matin, par exemple, mais surtout à l'ensemble de BFMTV. Ce qui est, à la limite,  perturbant, c’est le choix du nom : le Média, comme s’il avait vocation à devenir le media par excellence, éclipsant les autres media. Mais n'était-ce pas pareillement l'ambition du Parti socialiste (PS) ? 
Mais comment ne pas suspecter également un gratuit distribué dans le métro et dévoré machinalement sans esprit critique, tellement le lecteur distrait est persuadé de n’y trouver rien que du superficiel. C'est alors qu'un tel jetable est davantage susceptible de formater les esprits qu’un média qui se revendique engagé et assume la subjectivité comme mode de fonctionnement ? Les organes de presse institutionnelle n'ont pas choisi sans raison de garder le masque. 
En se positionnant ouvertement comme "vraiment progressiste", Le Média suggère que les autres media ne le sont pas réellement. Et le progressisme des media attrape-tout est en effet assez mesuré pour ne pas perdre de parts de marché, mais suffisamment pour polémiquer, buzzer et faire de l'audience, au prix d'accroches, d'approximations, d’incohérences, d’arrangements de langage et de 'fake news'. En refusant de "répéter du prémâché" (Aude Rossigneux), Le Média, à la façon des copieurs-colleurs de dépêches d'agences, condamne  "le syndrome AFP".
Le Média dénonce l’hypocrisie des journalistes qui se disent de gauche (et que l’on dit tels), alors qu’ils sont totalement acquis à la logique de l’ultralibéralisme, ce qui a un impact jusque dans les choix éditoriaux (ne pas déplaire à l’actionnaire, etc). 
Enfin, le Média est porté par des gens comme Aude Lancelin qui a tenu des propos courageux et tout à fait réjouissants contre la confraternité de principe en milieu journalistique : la critique des media n’est pas un sport très répandu dans cette presse aseptisée qui ne craint ni les redites, ni le bourrage de crâne. 

On entend souvent le reproche de manque de "confraternité," une façon de se serrer les coudes, de défendre des positions dominantes. La notion serait en effet incompréhensible si elle ne dissimulait pas une communauté d'intérêts. On pense aussi bien au secret des sources qu'aux avantages fiscaux, notamment. Si vous êtes charcutier, vous sentez-vous solidaire d’un confrère qui mettrait de la viande avariée dans ses saucisses ? C'est pourtant cet état d'esprit qui caractérise la profession de journaliste. Qui se sent solidaire de David Pujadas, de Ruth Elkrief ou d’Arnaud Leparmentier plutôt que de son boulanger ou de son chirurgien, en termes d'élitisme bien compris ? 
Guy Hocquenghem, Karl Kraus ou George Orwell, tous journalistes à leur façon, ont insisté sur la nécessité, pour les journalistes, de mener une critique impitoyable de leur propre profession. Y sont-ils parvenus ? Nos journaleux n'ont pas cette ambition. Voyez les brushings sophistiqués et les lunettes dernier cri...

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