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mardi 13 février 2018

L’ex-leader du FNLC en garde à vue pour injures à la veuve du préfet assassiné

Le terroriste libéré injurie la veuve du préfet Erignac

L’ex-leader du FLNC Charles Pieri a été placé en garde à vue mardi dans l’enquête sur un odieux message Facebook

Le nationaliste corse Charles Pieri, lors d'une manifestation à Ajaccio,
le 3 février 2018
Il injurie  la veuve du préfet Erignac, au moment même où se tenait à Paris une réunion sur l’avenir de l’île en présence de ses dirigeants, sous l’égide de la 'Mme Corse' du gouvernement, Jacqueline Gourault, 67 ans, et en présence des dirigeants nationalistes de l’île, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, et sur l’inscription de la spécificité Corse dans la Constitution, mesure contestée annoncée par Emmanuel Macron lors de sa visite.
L’inscription de la Corse dans la Constitution est la seule des revendications à laquelle Emmanuel Macron n’a pas opposé une fin de non-recevoir : MM. Simeoni et Talamoni doivent l'évoquer avec Mme Gourault. "C’est le début d’une discussion concrète", "nous allons demander aux représentants de la collectivité de Corse ce qu’ils souhaitent précisément à travers la modification constitutionnelle", a-t-elle expliqué. Macron a donc donné son accord de principe à une modification du contenu de la Constitution dont il ne connaît pas la teneur.
L’enquête, visant des faits d’ "injure par voie de communication", a été ouverte par le procureur de la République à Ajaccio, Eric Bouillard. Convoqué à 10h00 à la gendarmerie de Ghisonaccia (Haute-Corse), Charles Pieri, 67 ans, est arrivé avec ses deux enfants, soutenu par une dizaine de sympathisants réunis à l’appel de Sulidarita, une association de défense des prisonniers dits "politiques". Il devait être interrogé sur un message publié sur Facebook dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 février, après la cérémonie d’hommage au préfet Erignac organisée en présence d’Emmanuel Macron. 

Diffusé sur le compte 'Di l’altu pianu' attribué à Charles Pieri, ce court texte comparait notamment la veuve du préfet aux femmes françaises ayant eu des relations sexuelles avec des soldats allemands pendant la Seconde guerre mondiale. 

Une "déclaration immonde, abjecte" dénoncée par la ministre auprès du ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur

J. Gourault a salué la réaction "rapide, claire et nette" de Gilles Simeoni, président du conseil exécutif corse, qui a dénoncé fermement, dès dimanche midi, le message publié sur Facebook. Cette MoDem avait soutenu Alain Juppé, puis avait parrainé Macron.

La ministre a en revanche jugé "inquiétant" que Pieri reprenne un rôle de premier ordre "dans le parti de Jean-Guy Talamoni", Corsica Libera, mouvement nationaliste. "Le contenu de ce texte est inacceptable et contraire à ce que je suis et ce que je pense, au plan philosophique, éthique et politique", avait déclaré Gilles Simeoni. 

Jean-Guy Talamoni a attendu lundi pour réagir en son nom, après une réaction de son parti: "Quel qu’en soit l’auteur, je n’en partage évidemment pour ma part ni la forme ni la teneur"

Dans un entretien accordé à Corse-matin, avant la visite d’Emmanuel Macron en Corse, Charles Pieri avait annoncé "reprendre une place de responsable dans l’exécutif" de Corsica Libera. Il avait ensuite participé à la manifestation organisée à l’appel de MM. Talamoni et Simeoni, le 3 février, juste avant la visite du chef de l’Etat. A propos du retour au premier plan de Ch. Pieri dans les instances dirigeantes de Corsica Libera, J.-G. Talamoni avait jugé que sa présence était "dans l’ordre des choses". "Charles Pieri a toujours fait partie de Corsica Libera. Aujourd’hui, il est à nouveau responsable", avait-il confirmé, jugeant que c’était "le fonctionnement normal d’une organisation politique". 

La réapparition sur la scène publique de Charles Pieri pourrait toutefois constituer une épine dans le pied des dirigeants nationalistes, au moment où les nationalistes semblaient accepter de reprendre des discussions avec le gouvernement. 

L’ex-dirigeant du FLNC sera "utilisé par Paris pour mettre à distance un certain nombre des revendications nationalistes," 
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prévient le politologue Xavier Crettiez (professeur de sciences politiques à l'université de Versailles Saint-Quentin, auteur de nombreux ouvrages et articles sur les thèmes de la violence, du nationalisme et de l'analyse des mouvements sociaux, des islamistes à l'extrême gauche et à l'extrême droite, en passant par l'IRA, l'ETA ou les clandestins corses, pêle-mêle) qui voit en lui une "ombre tutélaire" au-dessus des têtes de MM. Talamoni et Simeoni.
Egalement connu pour ses liens supposés avec le grand banditisme corse, Charles Pieri est un ex-syndicaliste CFDT.
Candidat nationaliste aux élections municipales de Bastia, il est alors soupçonné d'avoir participé à l'assassinat d'un légionnaire, tué à Sorbo-Ocagnano, le 11 février 1982. Incarcéré, évadé, repris et de nouveau écroué, il est finalement acquitté par la cour d'Assises de Bordeaux en 1988. Entre-temps, Pieri s'est forgé une réputation : il figure sur l'affiche des six militants les plus recherchés par la police.
A la fin des années 1990, il est le principal leader du Front de libération nationale de la Corse (FLNC) en Haute-Corse. Il échappera à un attentat à la voiture piégée le 1er juillet 1996 à Bastia. Il est aujourd'hui considéré comme un des ex-chefs du FLNC Union des combattants (FLNC UC), l'une des deux actuelles organisations clandestines nationalistes corses.
Il a été condamné en 2005 à dix ans de prison pour malversations financières en relation avec une entreprise terroriste, peine réduite à huit ans en appel.
Son fils, Christophe Pieri, a été acquitté dans l'affaire de l'assassinat de Christophe Garelli, un militant d'une organisation nationaliste rivale abattu lors d'une fête du village de Lucciana en août 1998. Il ne s'était pas rendu à l'audience.
Le 27 mai 2006, Christophe Pieri a été interpellé sur une route de Haute-Corse par le service régional de police judiciaire de Corse et des policiers du RAID sur commission rogatoire du juge anti-terroriste. Il est soupçonné d'avoir été mêlé à des rackets d'entreprises du BTP, des opérations qui ont pu servir à financer la cause nationaliste.
En 2013, il est condamné à deux ans de prison ferme pour acquisition et détention illicite d'arme de poing.
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Autre indépendantiste célèbre de Haute-Corse, le nationaliste Yvan Colonna, ci-contre à droite, surnommé le berger de Cargèse par la presse française, militant indépendantiste corse condamné pour l'assassinat en relation avec une entreprise terroriste, du préfet Claude Érignac, commis le 6 février 1998 à Ajaccio. C'est pour lui que son épouse adressa à Macron une supplique qui apparut suspecte à l'ensemble de la presse et des réseaux sociaux.  

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