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dimanche 22 mai 2016

Les gauches du PS règlent des comptes avec Hollande

Hollande, cible d'un complot des gauches de la gauche du PS?

Jean-Luc Mélenchon et d'autres ne désespèrent pas de faire aboutir une motion de censure

"Le 49-3, ce n'est pas fini", assure Mélenchon à qui veut bien l'entendre, fort de l'action jusqu'au-boutiste de la CGT et François Hollande doit prendre au sérieux ce scénario qui retentirait comme le tonnerre dans l'opinion parce qu'initiée par les gauches de la gauche à l'Assemblée, en cas de nouveau recours au 49-3 sur la loi El-Khomri.  Celle-ci doit revenir en deuxième lecture devant l'Assemblée, après améliorations par les sénateurs et l'ancien socialiste et ex-candidat du Front de gauche à l'élection présidentielle demeure persuadé que le vote d'une motion de censure, déposée par des députés des gauches de la gauche et des frondeurs, et adoptée avec la complicité de la droite, est un objectif accessible. A l’Elysée, François Hollande suit le dossier attentivement.

Ce n'est pas tant Macron et ses ambitions qui l'inquiètent, que l'adoption d'une motion  de gauche provoquée par  un nécessaire nouveau recours à l'article 49-3 sur la Loi Travail.  A compter du 15 juin, nous serons en effet à un an des élections législatives qui feront suite à la présidentielle dont le second tour aura lieu début mai de l'an prochain. C'est alors que se percuteront le problème de François Hollande et les opportunités qu'évalue Jean-Luc Mélenchon. 
A tout moment, le président de la République peut dissoudre l'Assemblée nationale comme l'y autorise la Constitution. Soit pour donner aux Français l'occasion d'harmoniser la majorité parlementaire à une nouvelle majorité présidentielle, comme Mitterrand en 1981 et 1988). Soit pour tenter de se donner une chance de conserver la majorité avant l'échéance prévue, prenant les Français de court (c'est l'exemple de Chirac en 1997). Soit dans le but de sortir d'une crise politique nationale (expérience de de Gaulle après mai 1968). Soit parce que le gouvernement vient d'être renversé par l'Assemblée nationale, ce dernier cas de figure ne s'étant présenté qu'une fois depuis l'entrée en vigueur de la Ve République, en 1962: Pompidou renversé, de Gaulle avait dissous. Mais c'était de Gaulle, au temps de sa légitimité indiscutée, régulièrement entretenue par référendum. 
Or, cette faculté de dissoudre est limitée: le président ne peut dissoudre dans l'année qui suit une dissolution. Ce qui signifie qu'en cas de motion de censure, imposée le 15 juin, il ne serait plus ensuite possible de dissoudre avant un an. Le tout avec une élection présidentielle entre ces deux dates. En clair, passé la mi-juin 2016, l'adoption d'une motion de censure, pour cause de recours à l'article 49-3 engagé sur la loi El-Khomri, limiterait la marge de manoeuvre à venir de Hollande. Un nouveau vote de motion de censure plongerait le président Hollande dans une crise de régime, parce que contraint de renoncer, à quelques mois de l'élection présidentielle, à la dissolution. Une dissolution enclencherait un désordre politique ingérable, institutionnel et politique, qu'il serait impossible de maîtriser. 

Peut-on sérieusement imaginer des législatives anticipées à quelques mois d'une élection présidentielle?
 
Et une cohabitation? Et une victoire de Hollande à la présidentielle? 
Un délai d'un an entre deux dissolutions est un scénario catastrophe pour l'activité économique et administrative du pays, figé dans l'attente. Après le vote d'une motion de censure de trop, Hollande ne serait plus en capacité constitutionnelle de dissoudre. 
Mais le président hésiterait-il à faire du chantage au chaos institutionnel, lui qui use et abuse du terrorisme et de tire sur la ficelle de l'état d'urgence ? On voit mal Hollande en fin de quinquennat prendre des gants avec la Ve République et la réduire à une IVe pour mieux imposer la VIe à son successeur. 

L'opposition de droite, de Sarkozy à Juppé, en passant par Dupont-Aignan, laisserait-elle la statue François Hollande s'écraser ? Elle s'est toujours refusée à conclure une quelconque alliance objective avec Mélenchon, comme le FN de Marine Le Pen avec les gauches de la gauche, bien qu'ils aient recueilli nombre de leurs migrants politiques et syndicaux. Pourrait-elle laisser passer la chance de censurer le gouvernement, alors que le risque de dissolution est réduit à néant ? Le pays pourra-t-il attendre que l'Etat-PS se fracasse ou la rue précipitera-t-elle ce quinquennat vers sa fin ? Les gauches de la gauche rêvent-elles de se reconstruire sur les ruines du PS, comme le PS qui tente de se perfuser au sang anémié des écolos après qu'ils ont fait eux-mêmes imploser leur parti, Europe Ecologie-les Verts. Se hâter vers le chaos  pour en finir au plus vite et dans l'intérêt de la nation avec un PS dénaturé par le  social-libéralisme.
 
Les radicaux, Mélenchon, Duflot et aujourd'hui Montebourg, candidat par défaut de bien des frondeurs socialistes, répugneraient-ils à une défaite historique consentie de grande ampleur en 2017 qui permettrait à la gauche de se reconstruire pour  2022, sur le modèle idéologique porté par Jeremy Corbyn au Royaume-Uni. Il a toutefois manqué deux députés pour atteindre les 58 signatures nécessaires au dépôt d'une motion de censure des gauches, avec la complicité des amis de Martine Aubry pourtant présentée comme la grande prêtresse de la fronde socialiste...

Mélenchon ne renonce pas à convaincre des socialistes légitimistes Il continue de proclamer que "Ce n'est pas fini le 49-3 !" Et voilà pourquoi, aussi, Montebourg pourrait inciter ses troupes à appuyer sur le bouton rouge de la force de frappe lors du vote d'une motion de censure. 

La question de l'intérêt de la droite ne se pose même pas, puisque Hollande est en déséquilibre au bord du précipice. De promesses en reculades et de coups de poker en coups de force, le pouvoir peut précipiter sa propre chute.
L'exécutif démontre chaque jour que le PS au pouvoir est synonyme de désordre et de fractures et qu'il est  irrécupérable.  François Hollande n'a plus de majorité. De même que Marine Le Pen (!), il ne peut plus remporter seul l'élection présidentielle. Une primaire à gauche contribuerait à un déballage nauséabond et ferait des ravages difficilement surmontables avant longtemps, comme l'hémorragie de militants et d'élus qu'elle ne manquerait pas d'entraîner. La primaire de la droite et du centre s'expose à un écueil comparable de moindre ampleur, espère-t-on, dans de meilleures conditions. 
La tentation d'une dissolution provoquée par la droite n'est pas pressante, puisque, sans s'exposer à la critique, il peut laisser le temps accomplir son oeuvre, le quinquennat marchant vers son auto-destruction, un jour en brandissant la menace ou la force et, le lendemain, manifestant sa faiblesse et don errance, d'autant que le risque de voir Hollande passer devant le candidat LR au premier tour de l'élection présidentielle et moindre que celui de ne pas être au second. 
Face à l'adoption d'une motion de censure pour cause de 49-3, il n'est pas une solution qui serait susceptible d'offrir une bouée  efficace au capitaine de pédalo. Reste la carte Emmanuel Macron, mais les gauches du PS n'en seraient que plus exaspérées. Mais alors qui ? 

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