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dimanche 19 avril 2015

L'opération médiatique de trop: l'insouciance de Hollande risque d'irriter une majorité de Français

François Hollande chez les bobos: une stratégie de débunkerisation... en studio 

"Les bobos plutôt que les prolos"

Le chef de l'Etat se réfugiera chez ses amis de Canal+ pour donner un long entretien en direct dans l'émission "Le Supplément" ce dimanche  19 avril à midi, une initiative qui ne trompe déjà personne pour tenter de retisser des liens, non pas avec la jeunesse en déshérence, mais avec les jeunes branchés, alors que les travailleurs, militants communistes et de la CGT, passent de l'extrême gauche au Front national et que les fonctionnaires se mettent en grève, tels les enseignants, le 19 mai prochain.

Le médiatique, le sociétal et la rhétorique au secours de l'économie socialiste
Pour ses trois ans à l'Elysée, François Hollande s'est cherché dans le 11e arrondissement de Paris un carré de résistants à l'austérité et tente donc de se faire entendre des jeunes socialo-bobos. Une posture aussi inattendue que forcée d'un président socialiste pour dissimuler l'absence de résultats et de grands projets. 

A partir de 12h30, le chef de l'Etat "se soumettra à la règle du jeu de cette émission dominicale d'"infotainment" ou de  "politique spectacle", en français, qui mêle information et divertissement, dans la droite ligne de l'"esprit Canal" incarné par son animatrice Maïtena Biraben. C'est donc avec une désinvolture certaine, qu'il choisit donc un segment privilégié de la population jugé a priori plus réceptif à son périlleux exercice de valorisation des retombées en France des redressements à l'étranger et de maquillage des échecs de sa politique personnelle.

Deux semaines avant la date anniversaire du 6 mai 2012, l'entourage du chef de l'Etat a visiblement ressenti l'urgence à "prendre la main" et imprimer "le ton et l'esprit" d'un "bilan (sic) et d'une perspective"de ce quinquennat (aucun espoir à avoir, donc) avant que d'autres ne s'en chargent à sa place. Ce qu'il résume d'une formule :Agir pour ne pas subir."

L'Elysée croit innover
B. Clinton en Blues Brother


Mais, avant Flanby, les présidents américains Bill Clinton et Barack Obama s'étaient prêtés à ce type de show politique à la télévision: le premier en jouant au "sexophone" et le deuxième en se faisant des grimaces dans un miroir.
 
C'est donc ainsi qu'à son tour et avec ses petits moyens, Hollande tentera de terroriser les terroristes islamistes... 

"C'est un pari" de Gaspard Gantzer, le mauvais petit génie de Hollande

Gaspard Gantzer, un conseiller branché,
voire très cool et même shooté
Chaîne militante, Canal+ s'y est collée, au vu de l'état de délabrement de l'exécutif. C'est en effet la première fois qu'un "président en exercice" (c'est une formule consacrée !) se fait inviter sur le plateau de la chaîne à péage. Monsieur Petite Blague compte faire bonne figure parmi les "Guignols de l'Info".

Sur le fond, il ne faut évidemment pas attendre de grandes annonces. L'entourage du président évoque tout juste de possibles précisions concernant la loi sur le dialogue social qui doit être présentée mercredi prochain en Conseil des ministres, du compte personnel d'activité, du numérique ou de la simplification administrative. Il repousse d'éventuelles grandes annonces aux 20 Heures ou aux grands rendez-vous politiques de première partie de soirée, explique l'Elysée via Canal+.

"Le Supplément" proposera quatre reportages
un suivi pas à pas du chef de l'Etat pendant une semaine, la lutte contre le terrorisme, la montée du Front national et l'éducation. Les chroniqueurs de l'émission ne manqueront pas de moquer le président "normal".
L'Elysée a aussi validé que "l'inspecteur Beaugé" puisse amuser la galerie sur le négligé vestimentaire du président, que Cyrille Eldin puisse ensuite diffuser une sélection de réactions d'acteurs politiques sur l'image et l'action de François Hollande, et que Vincent Dedienne puisse enfin délirer sur une biographie "interdite" du chef de l'Etat. Du futile, pour un direct en somme très encadré. 
"Ca risque de mettre en avant un président dédramatisant la situation du pays, un président qui, plutôt que de parler de son absence de résultats, va être en complicité avec les journalistes, faire des bons mots, plaisanter avec son sens réputé de la répartie", justifie le politologue Frédéric Dabi (Ifop) dans Le Monde, le journal des trois multimillionnaires socialistes Pierre Bergé, Matthieu Pigasse et Xavier Niel.
Une prestation qui ne fera pas avancer le schmilblick
"C'est un pari. A bien des aspects, il y a un côté Mitterrand-Mourousi, une émission qui casse les codes", ajoute-t-il en désespoir de cause, en référence à l'ex-président socialiste qui s'était prêté en 1985 à un entretien au style décalé du journaliste Yves Mourousi.

Pour le couple qui rentre du marché bio"

Cette mise en danger de l'image présidentielle est assumée par l'Elysée, d'autant que François Hollande lui-même résiste rarement à un bon mot. Un exemple : pour la promotion de ce coup médiatique dans une séquence diffusée vendredi par Canal+, on le voit attablé dans les jardins de l'Elysée avec des patrons américains qui lui demandent des nouvelles de Philae, sa turbulente et affectueuse femelle labrador qu'il envoie chercher avec ce commentaire amusé : "si ça peut créer des emplois..."

Le choix de l'émission de Canal+ s'impose comme une nouvelle pierre d'angle de la stratégie "bobo" du palais présidentielle. Si l'audience du "Supplément" s'avère modeste (autour du million de téléspectateurs), elle est particulièrement ciblée sur les 25-40 ans.
"C'est une émission qui lui permet de toucher la gauche Canal+ : les bobos et cette élite de gauche des villes qui constitue son socle électoral", assure Philippe Moreau Chevrolet, expert en communication du cabinet de conseil MCBG qui porte son nom.
En clair, "c'est pour le jeune couple qui vient de rentrer du marché bio", s'amuse un proche du chef de l'Etat. La France profonde vue du Marais ou du 11e arrondissement de Paris, comme on voudra, n'en déplaise aux quartiers: c'est aux porte-feuilles garnis des homosexuels et aux livrets d'épargne menacés des classes moyennes que s'adresse le président socialiste.

Pour Jean-Daniel Lévy, de l'institut de sondages Harris Interactive, le président aurait tout à gagner à se montrer sincère, y compris lors des séquences humoristiques :
"Ce qu'on demande aux politiques en France, c'est d'avoir une forme de cohérence, d'être soi-même. S'il donne l'impression de faire de la com', ce ne sera pas bon. En revanche, s'il y a une forme de sincérité, il peut en tirer bénéfice, même si une seule émission ne change pas tout."
Un temps de propagande exceptionnel et abusif privilégiant le secteur privé
Alors que le service public de Radio France sort blessée  et frustré de 28 jours d'une grève dure, ces 2 longues heures de direct sur Canal+ sont une provocation. Elles font suite à un passage du Premier ministre, Manuel Valls, dans "Conversation secrète" de Michel Denisot, où il s'adressait déjà à un public "bobo". Plus tôt encore, le chef de l'Etat avait accordé un entretien à "Society", le nouveau magazine branché des jeunes urbains.

Le sombre bilan de Hollande, le socialo-bobo

Si l'exercice du Bébête Show revisité par Gaspard s'avère risqué, il est devenu moins compliqué pour François Hollande que d'aller sur le plateau d'un JT et moins périlleux que de laisser les Français en colère l'approcher dans ses déplacements: les foules sont en effet tenues à distance. Il n'est d'ailleurs pas mieux respecté à l'étranger, comme l'atteste le doigt d'honneur (ci-dessus) dont l'a gratifié à Berne un jeune de la diversité hélvète lors d'un "ego-portrait" insultant.

L'émission de Canal+ servira à contre-balancer l'image  de terroriste que son premier ministre donne de l'exécutif à l'Assemblée nationale. Ironie de la situation que ses conseillers n'ont pas entrevue, outre que Hollande n'a encore aucune nouvelle mesure dans sa besace, il apparaîtra, bon enfant, au moment où se débat au Parlement son projet liberticide de loi renseignement. Dans cette opération, il n'aura d'autre aspiration que de paraître sympathique et de répéter encore et encore que "les résultats vont venir". En effet, en attendant les hypothétiques effets de sa politique ou, moins problématique d'une reprise économique venue de l'extérieur -qu'il qualifie d'ailleurs lui-même de "fragile"-, le chef de l'Etat doit affronter un bilan plutôt sombre avec, en premier lieu, un chômage record et un pouvoir d'achat en berne, sanctionnés par une série de défaites électorales et une impopularité abyssale. Sans parler des abcès de fixation sur les politiques et personnalités des ministres Taubira pour son laxisme,  et Vallaud-Belkacem pour ses réformes mal vécues des rythmes et du calendrier scolaires, ainsi que sur l'accompagnement des sorties scolaires par des mères voilées lequel l'oppose à Vincent Peillon, comme -semble-t-il- à François Hollande. C'est ainsi que, comme il se doit, le joli mois de mai sera ponctué de grèves déjà annoncées.

Le branquignol aurait de l'expérience !
Même si les forces de police ont géré au mieux les attentats de janvier à Paris, les sondages montrent que le président Hollande n'est pas  parvenu à capitaliser dessus et à présidentialiser son image de chef d'Etat. Deux heures pour trois ans de saccage peuvent-elles réussir là où des événements aussi tragiques et leur instrumentalisation par l'internationale socialiste en représentation dans les rues de Paris ont échoué à restaurer le plâtre de la statue présidentielle endommagée par trois années de mesures économiques contradictoires et démotivantes ? L'embellie dans les sondages n'aura d'ailleurs duré que le temps du slogan contesté de #JeSuisCharlie. Seuls 21% des Français se disent encore satisfaits de son action, selon le "Journal du Dimanche". Il fallait donc agir.
 
Mais se montrer sous son meilleur angle d'humoriste ne démontre pas que le président a pris véritablement conscience de la situation du pays et du profond malaise que les socialistes entretiennent. Dans cette posture choisie et assumée du "Tout va très bien, Madame la marquise", Pépère qui n'est pas dans l'état d'esprit  approprié à la situation - ne peut qu'irriter les Français plongés dans les difficultés.   

Au moment même où François Hollande s'exprimera, les militants de l'UMP seront sur les marchés pour une distribution de tracts intitulés :
"Un supplément de Hollande ? Non merci."
Ils entendent dénoncer les "103 impôts créés ou augmentés" au cours de son mandat ou "la politique laxiste de Christiane Taubira". Pas de quoi rigoler.

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