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mercredi 4 septembre 2013

Syrie: le malaise iranien face à l'usage des armes chimiques interpelle

Quel rôle les  Chiites iraniens entendent-ils jouer face aux djihadistes sunnites syriens?

Les déclarations de l'ex-président Rafsandjani sur la responsabilité du régime syrien dans les attaques chimiques jettent le trouble

Eclairent-elles le "malaise" iranien face aux récents excès de violence de Damas? Tout est parti d'une dépêche d'Ilna (Iranian Labor News Agency) mise en ligne ce dimanche après-midi. Cité par l'agence de presse semi-étatique, l'ex-président iranien Ali Akbar Hachémi Rafsandjani impute d'abord au régime syrien l'usage d'armes chimiques contre sa population.   Rompant avec le soutien indéfectible de la République islamique à son allié traditionnel de Téhéran,Bachar el-Assad, il déclare alors sans détour: "Le peuple (syrien) a été la cible d'attaques chimiques de son propre gouvernement et maintenant il doit attendre une attaque étrangère." Avant d'ajouter: "Le peuple syrien a beaucoup souffert ces deux dernières années."

Quelques minutes plus tard, le texte est modifié
L'accusation de gazage a disparu. Mais la Toile, qui a aussitôt relayé l'information, bruisse alors aussitôt de commentaires sur une République islamique qui chercherait à prendre ses distances avec le pouvoir syrien.

La bavure médiatique, dans un pays coutumier des coups de ciseau, illustre en fait le "malaise" iranien face aux récents excès de violence de Damas. Fidèle à sa ligne anti-impérialiste, et soucieuse de préserver ce qui reste du fameux "axe de la résistance" composé du Hezbollah, de la Syrie et de l'Iran, la République islamique s'oppose naturellement à toute intervention étrangère contre un pays ami. Surtout, les autorités chiites de Téhéran observent avec crainte la montée en puissance des combattants sunnites djihadistes au sein de la rébellion syrienne et s'inquiètent de l'établissement d'un régime prosunnite, télécommandé par l'Arabie saoudite, si Bachar finissait par être renversé. Une préoccupation qui ne semble pas effleurer le président Hollande.
Mais avec l'attaque au gaz toxique, dont les preuves s'accumulent progressivement, une "ligne rouge" a été franchie aux yeux de Téhéran.

Image de victimes supposées
des armes chimiques
Les images de ces corps d'enfants inanimés ont ravivé le terrible souvenir du gazage de plus de 300 sites iraniens par Saddam Hussein pendant la guerre Iran-Irak

C'est que, pour beaucoup d'Iraniens, les images de ces corps d'enfants inanimés, sans le moindre signe d'égratignure, sont terriblement familières. Elles ont ravivé un terrible et douloureux souvenir, celui du gazage par Saddam Hussein de plus de 300 sites militaires et civils iraniens pendant la guerre Iran-Irak (1980-88). En 1987, le bombardement au gaz moutarde, particulièrement traumatisant, de la bourgade de Sardacht tua une centaine de personnes. Aujourd'hui, 45.000 "blessés chimiques" iraniens (dont 3000 dans la seule petite ville) continuent encore à recevoir des soins spécifiques liés à des problèmes respiratoires et cutanés. Vingt-six ans plus tard, on est loin des 355 morts de l’attaque chimique alléguée, selon MSF. Si il est l'auteur du crime contre l'humanité qui lui est imputé, Bachar al-Assad est-il vraiment à la tête du stock d'armes chimiques qu'on lui attribue?

Certains experts associent ce traumatisme national à l'accélération du programme nucléaire iranien
C'est dans le contexte de ce programme lancé à l'époque du Shah -et un temps suspendu au sortir du conflit avec l'Irak- qu'il faut replacer les propos de Rafsandjani. 
Ils suivent d'ailleurs de quelques jours une autre déclaration, faite dans l'intimité d'un lieu de culte de Téhéran, où l'ex-président a prédit à tout gouvernement recourant aux armes chimiques "de lourdes conséquences, comme Saddam Hussein (…) et l'horrible fin qu'il a endurée".

Peu appréciée des ultras du régime iranien, une telle sortie incite à penser que l'attaque du 21 août contre la Ghouta pourrait être la main des rebelles syriens. Elle s'inscrit aussi dans le cadre d'une lutte politique interne, Rafsandjani se plaçant du côté du nouveau président modéré Hassan Rohani.

Symbole de l'embarras iranien qui prévaut face au recours par Damas aux armes chimiques, le guide suprême, l'ayatollah Khamenei, s'est pour l'instant gardé de tout commentaire à ce sujet. Et pendant ce temps, sur le front diplomatique, Téhéran s'offre en médiateur. 
L'Iran est "prêt à trouver une solution pacifique" en Syrie, déclarait dimanche soir Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères, lors d'un entretien téléphonique avec Ban Ki-moon.

2 commentaires:

  1. où va-t-on si même les Iraniens ont des états d'âme ?

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  2. UNE INFO EN PRINCIPE DIGNE DE CONFIANCE
    http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=127928&cid=18&fromval=1&frid=18&seccatid=37&s1=1

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