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mercredi 29 juin 2011

Nos journalistes, otages en Afghanistan, ont été libérés

Hervé Ghesquière et Frank Taponier sont libres

François Fillon a confirmé cette libération devant les députés.

Les deux journalistes français, otages en Afghanistan depuis dix huit mois, ont été libérés.

Le Chef de l'Etat a téléphoné aux familles des ex-otages pour leur donner la bonne nouvelle.

Ils pourraient être de retour sur le sol français dès ce mercredi. Ils devraient atterrir en fin de journée à l'aérodrome de Villacoublay (Yvelines). La nouvelle de leur libération a été confirmée par un membre de la famille d'Hervé Ghesquière, puis par le Quai d'Orsay.

Ils avaient été capturés, avec leurs trois accompagnateurs, dont deux guides afghans, le 30 décembre 2009, alors qu'ils enquêtaient pour le magazine de France 3, "Pièces à conviction".
Les deux reporters s'étaient rendus en zone talibane, malgré l'interdiction de l'armée, mais avec le feu vert de leur hiérarchie.

Le 22/02/2011, Libération proposa un entretien avec Florence Aubenas:
Brindamour. Est-ce qu'il faut verser une rançon? Si oui, de combien?
Florence Aubenas. Oui, il faut toujours verser une rançon pour libérer des otages, c'est même le principe! Ce qui varie c'est la composante de cette rançon: politique (libération de prisonniers, par exemple). Ou financière, voire les deux. Il est très difficile de savoir ce qui est «payé»: dans mon cas, par exemple, je ne l'ai jamais su (mais je ne désespère pas).

Florence. Aujourd’hui, a-t-on une preuve, est-on sûr que nos deux amis sont toujours en vie?
Oui, c'est même aujourd'hui la seule chose dont nous pouvons être absolument sûrs: ils sont vivants. Cela va vous sembler un peu sinistre, mais toutes les négociations sont, bien entendu, menées à la condition que des preuves soient fournies à chaque fois.

Pourquoi. 428 jours, c'est beaucoup, qu'est-ce qui coince?
Olfy. 428 jours, c'est énorme.. comment expliquez-vous cette longévité?
Didine. Et que sait-on des négociations en cours ?
Il est toujours difficile d'avoir des informations sur des négociations en cours, celles-ci doivent par définition rester secrètes. Les autorités mettent d'ailleurs beaucoup d'énergie pour empêcher la presse d'en savoir quelque chose. Plus généralement, le délai assez long pourrait s'expliquer par le fait qu'il a fallu beaucoup de temps à nos politiques pour s'asseoir à la table des négociations.

Nicole. Le silence autour de ces otages est inquiétant. Je me souviens du bruit qui a été fait quand vous étiez otage en Irak. Est-ce que la politique de la France est, selon vous, la raison pour laquelle cette affaire traîne?
Votre pseudo. En quoi ces deux personnes mériteraient une couverture médiatique corporatiste différente de celle accordée aux autres otages actuellement détenus dans le Sahel et en Somalie ? Ne pensez-vous pas que votre action aboutit à faire monter les enchères et est radicalement contreproductive ?
Il est frappant de voir que, dans cette affaire, on nous reproche à la fois de ne pas faire assez de bruit ou, à l'inverse, d'en faire trop. Le problème est délicat. La réponse est complexe. Certains familles, comme celles des otages au Niger, préfèrent ne pas médiatiser le sort des leurs. C'est leur choix et, quoi qu'on pense de cette stratégie, les médias la respectent toujours. Cela a aussi été le cas d'Hervé et Stéphane pendant les trois premiers mois de leur détention, ce qui explique le peu d'informations données à ce moment-là. Leurs familles ont ensuite changé d'avis et estimer qu'il valait mieux porter leur dossier sur la place publique.
Personnellement, et peut être parce que l'information est mon métier, je pense que la médiatisation est préférable: elle leur sert de bouclier. En terme de comparaison, les Américains ne médiatisent aucune de leur prise d'otage. On a pu constater que, malheureusement, les issues sont bien plus tragiques pour ceux qui ont été enlevés.

Nicole. Hé Libé! Ma question n'est pas de contester le bruit fait autour des otages... vous me mettez dans le même sac que ceux qui disent cela en coupant ma question... La politique trop «virile» de la France en matière d'otages (Somalie, Niger) est-elle en cause? Merci de rectifier, je suis furax!
Désolée, je n'ai pas vu que la question avait été coupée. Pour aller vite, il existe deux manières de libérer des otages: l'intervention ou la négociation. La plus sûre est bien sûr la seconde. Jusqu'à présent, la France avait la réputation (enviée ailleurs dans le monde) de «sortir» ses otages en négociant. Personnellement, je trouve que c'est la voie la plus digne: répondre à la violence par la violence me semble toujours mener à une impasse. En revanche, discuter (même avec des terroristes) me paraît l'essence même de la démocratie et des valeurs qui y sont attachées.
Aujourd'hui, des questions se posent sur un changement de stratégie des autorités françaises: va-t-on, désormais, utiliser la méthode américaine, c'est-à-dire avec des interventions armées? Nous avons posé la question officiellement. Nous attendons la réponse.

Troisquatorzeimmo. On dit qu'ils ont été enlevés après avoir fait leur reportage et qu'ils ont voulu aller visiter une région qu'on leur avait fortement déconseillé, accompagnés de guides non autorisés?
D'après ce que nous en savons, Hervé et Stéphane ont commencé à faire leur reportage en immersion auprès de l'armée française dans un avant-poste de montagne. Ils n'ont pas voulu se contenter des informations officielles et ont choisi ensuite de partir de leur côté, dans cette même région, pour avoir le point de vue des habitants. C'est à ce moment-là qu'ils auraient été enlevés. Quant à leurs guides, nous connaissons leurs familles, rien de particuliers à signaler. En tout état de cause, ils nous donneront leur version en arrivant. On les attend!

HERPE. Peut-on vraiment croire que le gouvernement met tout en œuvre aujourd'hui pour libérer les deux otages, alors que Sarkozy les a montrés du doigt et en a fait des tonnes lorsqu'ils ont été capturés?
Ed. Plusieurs fois, les autorités politiques ont déclaré que l'on avait été près d'une libération. Cette formulation est parfois usitée dans le cadre de prises d'otages. Comment interpréter cette formulation?
Otonas. Pourquoi entend-on notre Président s'agiter sur tous les sujets sauf celui-là (pas un mot lors de sa récente allocution télé par exemple) l'Etat s'occupe-t-il réellement de ce dossier? Que fait-il? Pourquoi si longtemps? Quelles mesures particulières sur le terrain? qui négocie?
C'est vrai: au début, Nicolas Sarkozy, mais aussi Claude Guéant et un général, ne se sont pas privé de salir Hervé et Stéphane en les traitant d'imprudents. C'est lamentable à beaucoup de points de vue. D'abord, parce qu'il ont fait leur métier de journaliste de terrain, qui est difficile et compliqué: on ne peut pas à la fois dire qu'on se déploie en Afghanistan pour défendre les droits de l'homme et demander à la presse de ne pas exercer celui d'informer.

Il y a aussi une autre raison. Quand vous êtes otage, vos ravisseurs jouent en permanance avec votre moral et font tout pour vous fragiliser. Si ceux-ci ont eu connaissances des déclarations de Sarkozy, ils ont certainement dû les utiliser contre Hervé et Stéphane, sur le mode: «Regardez, votre gouvernement vous laisse tomber, vous ne sortirez jamais d'ici». Pour moi, le devoir de représentants politiques est plutôt d'aider leur concitoyens dans le danger plutôt que les enfoncer.

En effet, les autorités ont annoncé plusieurs fois leur libération. Ils ont même donné des dates: ce sera avant l'été, puis avant l'hiver, puis avant Noël. On est au mois de mars, ils ne sont toujours pas là. Cette manière de faire semble d'autant plus hallucinante, que les libérations d'otages sont des moments extrêmement délicat. Je me souviens de la mienne: cela a duré toute une journée et les ravisseurs changeaient sans cesse d'avis. On la libère? Oui? Non? Je redescendais menottée dans la cave, puis on revenait me chercher, etc... Ces annonces perpétuelles sont surtout terribles pour les familles, on joue avec leur espoir pour des raisons de communication politique.

Léa. Vous qui avez été dans leur situation, les otages sont-ils au courant du battage médiatique autour de leur cas et/ou de l'existence et de l'avancée des négociations?
Je n'ai personnellement pas été au courant de ce qui se passait. Je ne vous cache pas que je le regrette: savoir qu'on pense à vous, qu'on ne vous oublie pas, c'est de la lumière dans un endroit où il n'y en a pas. Jean-Paul Kaufmann, qui a été otage au Liban, raconte qu'il a entendu sa femme à la radio un jour. Cela a illuminé le reste de sa détention. Donc, on espère, oui, qu'il en reçoive des bribes, mais on n'en est pas sûr.

Crevette. Pensez-vous que l'arrivée de Guéant et Juppé aux affaires étrangères soit une bonne nouvelle pour leur libération?
BURNS. Avez vous confiance en Alain Juppé pour régler cette affaire?
Bonjour Madame Crevette (quel beau pseudo!), je crois qu'il est encore trop tôt pour se réjouir vraiment. M'autorisez-vous à un soupçon de polémique? Je ne pense pas que cela puisse être pire.

Nico. Au fond, ne s'agit-il pas, pour nous «l'opinion publique», de maintenir la pression sur notre gouvernement plus que sur les ravisseurs ?
C'est vrai: en matière de prise d'otage, les maîtres du temps restent toujours les ravisseurs. Sur eux, nous (c'est-à-dire l'opinion publique, comme vous dites) n'avons que peu de moyens de pression. En revanche, oui, il faut demander de toutes les manières possibles à nos représentants de s'asseoir à la table des négociations et faire vite. Dans la pluspart des dossiers, on a d'ailleurs constaté que certains contextes politiques sont plus porteurs que d'autres. Pour un Président, libérer des otages est toujours très valorisant: souvenez-vous, par exemple, de Cécilia Sarkozy ramenant les infirmières bulgares.

Peusodenime. Vous dites «on les attend»... cet optimisme est-il raisonné ?
Nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de désespérer! Pour être plus rationnelle, on peut imaginer que s'ils ont été gardés pendant si longtemps, c'est parce que les ravisseurs veulent eux-aussi que les négociations aboutissent.

Nicole. Peut-on faire quelque chose, nous, pékins moyens ? Et quoi ?
Otonas. Ne faudrait-il pas faire le pied de grue devant le quai d'Orsay, banderolles 24/24, étendre les témoignages de soutien aux autres chaînes que celles du groupe france télévisions, marches de solidarité ... ? les Français ne semblent pas très très concernés, le pouvoir politique encore moins.
Toutes les idées sont les bienvenues! L'essentiel est de ne pas relâcher la pression, harceler les autorités, ne jamais laisser tomber. Pour les 500 jours, on est train de se demander que faire pour remettre Hervé et Stéphane au coeur des préoccupations politiques (n'hésitez pas à nous contacter sur le site du Comité de soutien si vous avez des lumières). Je pense qu'il n'y a pas de petits gestes et que tout acte de solidarité est important. Mais encore une fois, on ne parle d'Hervé et Stéphane, en oubliant les autres. Il n'y a pas de bons et de mauvais otages. Au contraire. Leurs deux noms sont mis en avant, parce que les proches le veulent bien et qu'à travers eux, c'est une manière de parler de tous les autres. Chers amis, il ne me reste qu'à vous dire au revoir. J'ai été ravie de passer ce moment avec vous. Vivement le prochain.

Le gouvernement a réussi l'impossible

Nicolas Sarkozy, depuis le début de son quinquenat, avait fait de la libération des otages, une sorte de priorité.
Dans un climat de circonspection, voire de doute, les négociations mises en place entre le Quai d'Orsay et l'Afghanistan pour tenter de trouver une issue favorable à cette détention n'ont jamais faibli: l'Elysée vient d'annoncer à leurs familles leur libération.

Le pouvoir sera-t-il salué pour sa détermination et son efficacité ?

Rien n'est moins sûr !
Interrogée, ni sur LCI, ni sur France 3, la journaliste Florence Aubenas n'a pas eu un mot pour l'action du gouvernement.

2 commentaires:

  1. Aubenas a la mémoire sélective ,enfin j'espère que sous peine de scoop les journalistes resteront dans les limites, nous n'avons pas besoin d'eux pour savoir ce qu'il se passe en afganistan...

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  2. COMBIEN?
    Parce qu'il me semble qu'il serait juste de se rembourser sur le futur bouquin que ces deux héros ne vont pas manquer d'écrire!...

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