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vendredi 9 juillet 2010

Financement du PS par les militants (85-89) ? Affaire Urba -4/4

Financement du PS - Affaire Urba -partie 4/4

23 mars 1989. Emotion à la réunion des délégués régionaux. L'affaire des fausses factures de Marseille fait des vagues. Le juge Culié multiplie les inculpations. Notamment celles des dirigeants de la Sormae. A l'Elysée et Place Vendôme, on est de plus en plus inquiet. A Urba-Gracco aussi. Claire allusion au «risque pénal encouru par les délégués régionaux». Et Delcroix d'écrire qu'avec eux le commissaire aux comptes, le chef comptable et le trésorier du GIE, Pierre Letort, risquent «l'écrou et la tôle» (sic).

Oh comprend mieux pourquoi, au printemps 1989, le pouvoir ne veut absolument pas d'une information judiciaire sur Urba-Gracco. Et pourquoi, le 14 mai, lors de son traditionnel pèlerinage de Solutré, le président - qui est parfaitement informé du dossier - propose une nouvelle loi sur le financement des partis politiques. Et une seconde amnistie en moins d'un an ! Du jamais-vu dans les annales !

On aurait pu en rester là si, en octobre dernier, Antoine Gaudino n'avait publié son livre-brûlot, «L'Enquête impossible», révélant qu'Urba-Gracco avait financé, à hauteur de 25%, la campagne présidentielle de François Mitterrand. Ce qui n'apparaît pas dans les comptes communiqués par Henri Nallet au Conseil constitutionnel. Résultat: depuis un mois, chaque mercredi, lors de la séance des questions orales à l'Assemblée nationale, l'opposition livre une guérilla verbale à la majorité. La droite, pugnace - comme si elle était exempte de tout reproche en la matière - demande à cor et à cri l'ouverture d'une information judiciaire sur Urba-Gracco par la voix de François d'Aubert (UDF) et de Nicole Catala (RPR), ou proclame, par celle de Philippe de Villiers (UDF, Vendée), que les comptes du candidat Mitterrand publiés au «JO» sont des faux. Ce qui vaut illico à l'association Le Puy-du-Fou, qu'il préside, un redressement fiscal de 4 millions de francs. Alors que, à l'issue de ses investigations, le contrôleur des impôts qui avait consulté le livre de comptes n'y avait trouvé «aucune irrégularité, pas même une seule erreur de TVA». Dans son langage fleuri, le ministre du Budget, Michel Charasse, fournira bien vite à de Villiers la clef de ce rebondissement: «Vous, vous nous emmerdez. Eh bien, nous, on va vous emmerder!»

Ambiance. On se croirait revenu trois ans en arrière, au plus fort des remous causés par l'affaire Luchaire. Dans la logomachie un peu absconse à laquelle le bon peuple est soumis depuis quelque temps, qui a tort et qui a raison? Tout le monde et personne. En fait, le montage qui a permis de financer la campagne socialiste repose sur deux cagnottes distinctes. Celle du candidat Mitterrand en personne, que Nallet a gérée entre le 23 mars et la fin mai 1988, et dont il a, par la suite, publié la comptabilité, en application de la loi du 11 mars 1988 relative à la transparence de la vie politique. Et celle du PS, qui a payé toute la partie de la campagne menée, pour le compte du chef de l'Etat, par les ténors du parti. Quand Louis Mermaz ou Lionel Jospin allaient battre l'estrade au fin fond des provinces, c'est la caisse du PS, et non celle de Nallet, qui réglait les frais d'avion, d'hôtel, de location de salles ou de voitures, etc.

Et Urba-Gracco, dans tout cela? L'organisation de Gérard Monate a continué de jouer son rôle de principal bailleur de fonds du parti. Avec le «candidat Mitterrand», elle n'a guère été généreuse. Monate a signé trois chèques de 50 000 francs chacun pour Nallet - «après accord du trésorier du PS, André Laignel» - tirés respectivement sur les comptes d'Urbatechnic, de Gracco et de Valorimmo, autre société de la nébuleuse GSR. En revanche, le PS s'est montré fort gourmand en faisant régler par Monate 24,6 millions de francs de factures diverses. Ce qui alourdit singulièrement la note de l'opération, que Nallet a chiffrée modestement, dans le «Journal officiel» du 16 juillet 1988, à 99,8 millions de francs - couverte seulement à hauteur de 64,9 millions par les recettes de campagne.

A présent, GSR est en liquidation.
Une loi prétend moraliser les finances des partis politiques. Plus d'un observateur en doute. «La droite a toujours travaillé avec des valises d'argent liquide, affirme Monate. Elle pourra continuer, les censeurs n'y verront que du feu !» Mauroy lui-même a versé une larme, lors d'un récent comité directeur du PS, en affirmant que «ceux qui ont travaillé avec Urba-Gracco étaient des vertueux».


Pourtant, aujourd'hui, les vertueux se rebiffent. Monate a toujours refusé un blanchiment à la sauvette: «Je ne suis pas un truand, clame-t-il. Je veux expliquer publiquement ce que j'ai fait. Je n'ai pas à en rougir.» Ses deux collaborateurs, Delcroix et Desjobert, qui avaient formé un pourvoi en cassation contre leur renvoi en correctionnelle, viennent de se désister. Ils comparaîtront devant le tribunal en janvier 1991 avec leur ancien patron. Un beau déballage en perspective.

1 commentaire:

  1. Certain parlent trop pour ne rien dire! au moin ici je trouve ce que cherche de facon claire et precise bravo...

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