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dimanche 9 mai 2010

Depuis 1983: austérité pour la majorité; rigueur pour l'opposition

Rappels: de Mauroy (PS) à Fillon (UMP)
L'Histoire est un éternel recommencement

Partout et en tous lieux
En 2008, les USA sont encore un pays riche. Certes, il y a eu une crise financière importante, conséquence des choix du Démocrate Clinton en 1999, et la réaction à cette crise du Républicain Bush provoque un début de crise économique. Les Américains ont donc voté pour Le Changement. Que croyez-vous qu’il arrive avec le Démocrate métis Obama ?

Parallèle français et américain
Lorsqu'en 1981, François Mitterrand entra à l'Elysée, la France était encore un pays riche. Certes, Giscard avait mal réagi en 1973 face au coup de bluff des pays producteurs de pétrole qui provoqua la fin des “30 glorieuses” et le second choc pétrolier de 1979 avait secoué l'économie, mais la vie était encore assez facile. Le 10 mai 1981, les Français choisirent pourtant le changement et 3 ans de socialisme suffirent à mettre la France sur le flanc.

Henri Amouroux dans Le Figaro observa que ce n’était que la reproduction de ce qui s’était passé 45 ans avant :
« Mitterrand et la gauche étaient fascinés par 1936. Fascination pour fascination, on a le droit d’être fasciné par le parallélisme de l’échec. Entre la victoire du Front populaire et la première dévaluation, il se passe cinq mois ; cinq mois également entre la victoire de Mitterrand et la dévaluation d’octobre 1981. La deuxième dévaluation du Front populaire est de juillet 1937 : dix mois après la première. Mitterrand-Mauroy-Delors ont marché un peu plus vite : neuf mois seulement entre la première et la deuxième dévaluation, celle du 12 juin 1982, alors que vient de s’achever ce fastueux sommet de Versailles où cent saxophonistes, déguisés en tritons et baignant à mi-corps dans le bassin de Neptune, avaient indéfiniment répété les mêmes quatre notes mélancoliques dont ceux qui les entendaient ne pouvaient soupçonner qu’elles scandaient les quatre drames économiques du moment : inflation à 14 % ; déficit record du commerce extérieur ; hausse presque quotidienne du dollar ; hémorragie des réserves de la Banque de France. Entre la deuxième et la troisième dévaluation du Front populaire (Chautemps a remplacé Blum à Matignon), onze mois. Neuf mois seulement entre la deuxième et la troisième dévaluation Mitterrand-Mauroy, le 21 mars 1983. Et, cerise sur ce triste gâteau, quelques jours plus tard, Jacques Delors annonce un plan d’austérité qui, entre autres mesures augmentation des impôts et emprunt forcé , interdit pratiquement aux Français de sortir de France puisque, pour l’année entière, ils ne peuvent obtenir que l’équivalent de 2 000 francs en devises et 1 000 francs en billets français ! » (1936-1981 : le parallélisme de l’échec, par Henri Amouroux, Le Figaro, 15 octobre 2007)

La politique de François Mitterrand

Selon Jacques Attali, trois programmes économiques socialistes se trouvaient alors en concurrence : celui « de bon sens » du Premier ministre Pierre Mauroy et de Jacques Delors, celui, « saint-simonien productiviste » (selon Lacouture) des « visiteurs du soir » (Jean Riboud, JJSS) encouragés par Laurent Fabius, Gaston Deferre et Pierre Bérégovoy – un « national-protectionnisme » (Lacouture), enfin celui des « experts de l’Elysée » dans lesquels Attali se situe, « dans la ligne du Premier ministre mais en plus socialement compréhensible ».
Deux scénarios possibles : sortir du SME et tenter le « socialisme dans un seul pays », ou bien choisir la solidarité européenne et s’entendre avec les Allemands pour une dévaluation du franc/réévaluation du mark concertée.

En faisant jouer cette solidarité de pays en marche vers une communauté plus étroite, il est nécessaire de faire des compromis. Il semble, selon les témoins, que François Mitterrand ait depuis toujours « choisi l’Europe » (Lacouture) au détriment des vieilles lunes du socialisme romantique. Mais, en « maître du bonneteau » (Lacouture), il a mis en scène cette décision de bon sens en consultant, en laissant croire qu’il ne choisissait que contraint et forcé, en jouant la fidélité des uns contre celle des autres pour tester leurs convictions. Nous n’y étions pas, laissons les témoins scruter cet épisode. Mauroy aurait dit « je ne sais pas faire (…) La France deviendrait un gigantesque Portugal » ; Delors aurait refusé lui aussi. Restait à laisser se convaincre tout seul Fabius, Deferre et Bérégovoy qui penchaient (ce n’est pas nouveau) pour la rupture. Mitterrand dit à Delors de demander à Fabius de voir le Directeur du Trésor, qui avoue les réserves de devises au plus bas, un jour ou deux à tenir peut-être. Mitterrand laisse entendre à chacun qu’il sera obligé de changer de gouvernement et que le nouveau devra endosser la politique à mener. Qui aura la conviction suffisante et le culot de prendre à sa charge la poursuite d’une redistribution sociale généreuse mais qui va dans le mur faute d’être financée ? Personne évidemment. Et Fabius se dit convaincu, Deferre suit aussitôt, les auteurs ne disent pas ce que pense Bérégovoy. »
VOIR et ENTENDRE Pierre Mauroy justifie ses choix:

Du «Changer la vie » au « Travailler plus pour gagner plus »

Le Budget de l’année suivante [1982] verra une stabilisation des effectifs fonctionnaires et une baisse autoritaire de 10% de tous les programmes d’équipement. Le Président parle de « rigueur socialement juste », le Premier ministre de mesures « rudes mais transitoires », le Premier secrétaire du PS (Lionel Jospin) de « parenthèse ». Raymond Barre approuve, le franc tient, l’Assemblée vote la confiance.
Selon Jacques Attali : « la rigueur n’est pas une parenthèse ; c’est une politique ». En effet, selon Lacouture, le programme appliqué en 1981 avec ses nationalisations massives, sa relance choc et sa baisse du temps de travail sans baisse de salaire, constitue une rupture des équilibres européens, donc une menace sur le franc. Persévérer, « était une rupture globale, collective, peut-être la mise en cause de la démocratie, en tout cas celle d’une forme de solidarité européenne vieille de près de trente ans » (Lacouture t.2 p.64). « C’est effectivement la fin des grandes illusions en matière de transferts sociaux ; mais sans remise en cause des réformes », note Attali.
VOIR et ENTENDRE Pierre Mauroy expliquer son action par un besoin d' "assainissement":

Banqueroute grecque: le PS stigmatise le gouvernement et les états membres de l'UE

L'annonce par Matignon du gel des dépenses publiques suscite de vives réactions au sein de l'opposition de gauche, tandis que l'Union européenne – à l'exception notable du Royaume Uni – vole au secours de la zone euro à l'occasion du sauvetage des gouvernements socialistes grec, Portugais et espagnol.
Le Parti socialiste tient absolument à assimiler le tour de vis budgétaire du gouvernement à un plan de rigueur. Cela "confirme la duplicité du gouvernement qui a tout fait pour expliquer que ce plan de rigueur n'en était pas un. C'est un plan de rigueur, un plan d'austérité, d'une sévérité sans précédent, qui va durer plusieurs années", a estimé le porte-parole du parti Benoît Hamon, professeur d'université par protection, avec bac +3. Le gel des dépenses est un "vrai coup de bambou" ; "la situation des Français sur le plan de l'emploi, des salaires, du pouvoir d'achat va se dégrader considérablement", a-t-il jugé.
VOIR et ENTENDRE : plan de rigueur de Jacques Delors (1984), père de Martine Aubry

Le déroulé français

La crise économique et financière internationale actuelle rappelle les deux chocs pétroliers des années 70 et fait craindre les conséquences que nous valut une gouvernance socialiste archaïque, parce que nostalgique du Front populaire. Bien qu'à l'inverse l'Europe et la France soient résolument innovants, les « décrypteurs » distingués continuent d'influencer l'opinion sur des critères obsolètes.

2010 - Fillon explique: "on est loin de la rigueur"
Jeudi dernier, François Fillon s’est, lui aussi, bien gardé de prononcer le mot "rigueur" ou "austérité".
VOIR et ENTENDRE le Premier ministre distinguer plan de figueur et bonne gestion.
Il est même revenu à la charge, vendredi, se défendant d'un tel plan. Profitant de la crise grecque, le Premier ministre français réaffirmait son engagement à mettre en œuvre des moyens adaptés au retour du déficit public à moins de 3% en 2013, conformément au plan de redressement transmis à Bruxelles, afin de respecter le pacte de stabilité européen.

VOIR et ENTENDRE François Baroin, ministre du Budget, invité de "Bourdin Direct" le 10/05/2010 sur RMC et BFM TV:

Les observateurs en sont restés à 1983

Par chance, ils ne sont pas acteurs
Certains mots, juste évoqués, peuvent réveiller les vieilles peurs.
1982, année de déséquilibre majeur, avait débouché sur deux dévaluations et deux plans de rigueur. En 1983, quand Pierre Mauroy annonça à la France, qu'elle
devait se mettre au régime sec, il chercha un subterfuge pour ne surtout pas employer le mot "austérité", connoté négativement depuis les années 1970.

Sémantique: ce qui distingue la rigueur de l'austérité
Pierre Mauroy, le Premier ministre de François Mitterrand, opta pour le mot "rigueur". Pour Raymond Barre, la "rigueur" était synonyme "d'austérité". Il s'agit depuis d'éloigner, sans le dire, le spectre des plans impopulaires d'après 1983-86, le "tournant de la rigueur", symbole du renoncement, d'un retour en arrière, de promesses non tenues, et concrètement évocateur de chômage pour les Français.

"Nous préférons à la rigueur (...) une politique budgétaire sérieuse", explique Luc Chatel depuis le jeudi 6 mai 2010. "La question budgétaire, c'est un vrai débat politique. Ce n'est pas un débat sémantique", a encore souligné vendredi le porte-parole du gouvernement au micro de RTL . "Pourquoi nous ne voulons pas de la rigueur, parce que la rigueur, c'est l'augmentation des impôts et ça pourrait briser le début de reprise que nous connaissons", a encore expliqué Luc Chatel. Et de renvoyer la balle au PS : "J'entends dire qu'il faudrait jouer sur les recettes donc, en clair, les socialistes comme toujours vont vouloir augmenter les impôts."

L'entretien d'Europe 1 Soir du 07/05/2010
"Nous ne faisons pas la rigueur": "Nous faisons une politique intelligente de lutte contre la crise", a expliqué vendredi Valérie Pécresse (UMP).
VOIR et ENTENDRE la ministre défendre la lutte contre le gaspillage
.
Mais dans l'adversité, l'opposition et des éditorialistes font le choix de l'ironie: "A défaut du nom, cela en a la couleur"…

Le doute est-il permis sur son sens des responsabilités et de l'intérêt national, celui des Français ?

2 commentaires:

  1. J'ai du mal à comprendre cette aura de souffre qui entoure le mot " rigueur". Etre rigoureux dans son raisonnement, ou dans la tenus de ses comptes est une qualité que tout gestionnaire un tant soit peu responsable ou épris d'efficacité devrait au contraire rechercher. Je suis inquiet qu'aucun gouvernement ne se glorifie de " rigueur" dans sa gestion! Comme si son opposé, le laxisme, ( et son corolaire le gaspillage) était au contraire un gage de vertue! C'est le monde à l'envers...

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  2. Face au chantage de l'empire financier :

    Crise des « subprimes », crise bancaire, accélération de la destruction de l'agriculture, de l’industrie et des emplois. Puis aujourd’hui crise de l’euro, crise de la dette publique des États, destruction du service public, chantage sur les retraites. Sans oublier les divers plans injustes pour sauver les banques !

    Nous devons nous organiser et nous mobiliser massivement pour demander à faire la lumière sur la crise financière en convoquant immédiatement une commission d'enquête parlementaire !

    Nous ne devons pas faire le choix de la défaite ! Alors rejoins moi sur mon groupe facebook : http://fr-fr.facebook.com/group.php?gid=104166076293247&ref=ts

    David CABAS
    david.cabas.over-blog.fr

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