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dimanche 10 mai 2009

L’Université française au bord du gouffre: 42e au monde !

Et des moutons, étudiants et professeurs, prêts à se jeter dans le vide

Depuis quatre mois, les facs françaises tournent cahin-caha.

La faute à un interminable bras de fer entre les enseignants et étudiants conservateurs et donc opposés à la réforme de leurs établissements, d'un côté, et le gouvernement réformiste, de l'autre. C'est ainsi qu’aujourd'hui l'ensemble du modèle universitaire hexagonal qui sent la naphtaline refuse d’ouvrir les fenêtres, voire de les entrebâiller : un renouvellement de l’air pourrait la tuer, craignent les vieux parchemins, comme les jeunes disques durs de l’université. Buguée pour le moment...


Une évaluation de nos universités venue de Chine

Le classement dit "de Shanghaï"
est un classement des principales universités mondiales, établi par des chercheurs de la faculté chinoise. Il tombe chaque année et, on a beau se croire la meilleure du monde, il donne à coup sûr des sueurs froides aux responsables de l'université française. Les établissements sont notés de 1 à 100 selon le nombre de publications dans les revues scientifiques les plus prestigieuses, le nombre de prix Nobel attribués aux équipes pédagogiques, etc.
L'an passé, Harvard est arrivée en tête, devant Stanford et Berkeley. Au total, 17 universités américaines figuraient parmi les 20 premières. En Europe, seules Cambridge (4e) et Oxford (10e) ont échappé au jeu de massacre.


Et les françaises?
Elles arrivent loin derrière: Paris-VI se classe 42e, Paris-XI, 49e, Normale sup 73e. Les autres sont hors classement.

Les Chinois font-ils partie des réseaux sarkozystes ?…

Ils devaient être invités au Fouquet’s sans que le magazine Marianne le sache… Ainsi, les Chinois chercheraient-ils donc à donner raison au Président Sarkozy qui déclencha l’ire des mandarins et des enseignants-chercheurs de notre grande et belle université. Selon eux, dans son discours de Saclay du 22 janvier 2009, lors du lancement de la réflexion pour une Stratégie Nationale de Recherche et d’Innovation, N. Sarkozy n’avait pas manié la litote :
Et qu’est-ce qui depuis fait tousser l’université française ?
Du discours présidentiel, l'opposition n'a retenu que ceci: Mais ces admirables chercheurs et ces points forts - j’ose le dire -ne sont-ils pas l’arbre qui cache la forêt ? Ne servent-ils pas parfois d’alibi aux conservateurs de tous poils, que l’on trouve à droite en nombre certain et à gauche en nombres innombrables. Je dis innombrables à gauche car ils sont plus nombreux. Il en manque pour avoir l'ensemble et s'en faire une idée juste !

La lecture du discours du Président permet de former un jugement éclairé que les Chinois semblent d’ailleurs faire leurs : la video se trouve ICI
.
Et le texte intégral LA
.
Mais voici que les Chinois aussi.
Pour contenter nos chercheurs, faudra-t-il donc prendre l’avis du dalaï-lama ?

Pour se faire un jugement plus équitable en attendant, on peut d’ailleurs se reporter aussi au texte intégral du discours du 28 janvier lors de la Cérémonie en l'honneur du Professeur Albert FERT (lien) Il confirme que l’arbre ne doit pas cacher la forêt…

Evidemment contesté et contestable, et singulièrement par les rangs du fond, ce classement n'en est pas moins un étalon cité à travers le monde qui écorne à chaque fois l'image des facs françaises. Les professeurs des écoles auraient-ils donc eu raison de craindre l’évaluation de leurs élèves ?

Dans le même temps, les grandes écoles d'ingénieurs et surtout de commerce se taillent une réputation toujours plus flatteuse.

Persuadé que le modèle universitaire français est en crise, le gouvernement a du coup lancé, dès l'été 2007, une vaste réforme:
- investissements en milliards d'euros,
- loi sur l'autonomie des établissements,
- création de dix "pôles d'excellence" censés doter la France des moyens nécessaires pour rivaliser avec le monde anglo-saxon.
Mais la réforme ne passe pas et les facs de l'Hexagone sont de nouveau plongées, depuis quatre mois, dans une crise dont elles ont le secret.

Une vision utilitariste ?


Dénoncée par certains comme une véritable "usine à chômeurs", la fac manque-t-elle à tous ses devoirs, au point que d'ici à 2017 les prévisionnistes envisagent une fonte de 15% de ses effectifs?
La réalité est plus complexe. Avec quatre Prix Nobel (de chimie pour Yves Chauvin, de physique pour Albert Fert, de médecine pour Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier) depuis 2005, avec des prouesses médicales unanimement saluées comme ces greffes de la face et des mains réalisées ces dernières semaines au CHU Henri-Mondor de Créteil, la recherche française n'a pas à rougir de la qualité de son travail. Des filières d'excellence existent dans les universités. Les élèves de certains masters (bac + 5) n'ont rien à envier aux diplômés des plus grandes écoles de commerce ou d'ingénieurs. Mêmes offres d'embauche à l'issue de la formation, mêmes salaires, même attrait auprès des entreprises...

Sans compter que se pose une question essentielle et provocatrice: au même titre que les BTS, les IUT ou les grandes écoles, l'université est-elle vouée à fournir un emploi immédiat à ses étudiants, une fois leur scolarité terminée? Joint par le JDD, l'historien Marc Fumaroli, élu à l'Académie française et ancien professeur au Collège de France, est bousculé par cette vision utilitariste: "L'université est un endroit où l'on se consacre pendant un certain temps à apprendre des choses qui seront utiles pour toute une vie. C'est un lieu qui a ses lois propres et qu'on ne doit pas aligner sur le monde des affaires ou de l'économie. [Au nom de quoi ?] On doit y vivre une vie un peu amphibie, une sorte de retraite dans le sens religieux du terme. Le modèle français, avec son légendaire Quartier latin ou ses facs de centre-ville avec leur cortège de librairies, de cinémas, de cafés, était un bon système. [Image pieuse ?] Il est faux de croire que la faculté doive apprendre un métier aux étudiants. Ceux qui sont en droit l'apprennent, certes, ainsi que bien d'autres choses qui leur serviront dans la vie..."
[Fabriquons des gentilshommes...]<br>Peut-on encore pour cette année universitaire mettre la fac sur les rails?
A ce jour, 400 000 étudiants, soit un tiers des élèves des facs, ne savent pas comment se terminera leur année. Le professeur Hélène Carrère d'Encausse, de l'Académie Française, propose une solution qui respecte les diplômes et préserve la réputation de nos universités dans le monde: "Que tout le monde travaille cet été."

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