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vendredi 21 novembre 2008

Quelques détails que les syndicats enseignants taisent

Le "malaise enseignant": les aspects tus !
Le jeudi 22 mai 2008, Stop la Grève publiait un commentaire de professeure qui témoigne de son vécu de la bien pensance au cœur de l’Education Nationale. Bien écrit, il a retenu l’attention de PaSiDupes qui le publie à son tour, au risque d’irriter les apôtres laïcs de la pensée unique, qui se préparent, croit-on, à une rupture, mais ne manqueront pas de faire un blocage sur leur nécessaire remise en cause.
Allez, Mesdames et Messieurs les Professeurs militants et dominants, mais démocrates républicains (ou non), c’est pour vous : c’est cadeau !

Lettre d’un professeur qui s’encanaille...

A l’attention de …………….

Je suis professeur certifiée de Lettres Modernes et actuellement titulaire d’une zone de remplacement [TZR] dans l’Académie de Créteil. Si j’écris ces lignes, c’est que je suis proprement scandalisée par les droits exorbitants dont bénéficient mes collègues et dont les élèves, qui constituent soi-disant notre principale préoccupation, sont les premiers à pâtir. En effet, les situations auxquelles j’ai été confrontée depuis le début de ma carrière sont aberrantes et illustrent bien le fait que l‘incurie de nombre d‘entre nous est la première cause du manque réel de considération dont souffre la profession de nos jours.

Qu’on ne se méprenne pas sur mes intentions, ni sur mes propos : mon but n’est pas de nier l’existence de ce que les médias appellent pompeusement le « malaise enseignant », je veux simplement dénoncer l’attitude réactionnaire de beaucoup de mes collègues qui, sous prétexte d’un attachement borné à des acquis sociaux inaliénables, ne voient pas la réalité de la société, du contexte économique, des efforts que doivent faire l’ensemble de nos concitoyens, et qui par conséquent se coupent d’eux-mêmes de cette société qu’ils croient défendre. Mon but n’est pas non plus de faire de la politique, de soutenir telle ou telle réforme, de blâmer tel ou tel syndicat… Je ne cherche pas non plus à intellectualiser la chose, à rendre mon propos incompréhensible à force de logorrhées jargonnantes à tendance socio politico économique, je tiens simplement à exposer des faits : les abus auxquels j’ai pu assister sont grossiers, mon discours n’ira donc pas se perdre en finesse…

Afin qu’on ne dise pas que mon expérience n’est nullement représentative de la « réalité du métier », il faut préciser que j’enseigne la plupart du temps en « zone prévention violence ». D’autre part, afin qu’on ne prétende pas que je fais état de faits dépassés, d’anecdotes du temps jadis, ou de purs fantasmes, je me bornerai à évoquer des exemples datant de cette seule année scolaire (2007-2008). Si je ne donne pas de noms de personnes (à commencer par le mien) ou de lieux, qu’on me taxe de lâcheté ou de couardise si on le souhaite… (la plupart comprendront néanmoins les répercutions que pourrait provoquer dans l’atmosphère surchauffée d’une « salle des profs » ce qui apparaîtrait comme une vile dénonciation), c’est par-dessus tout et au-delà de mon propre intérêt parce que c’est un système que j’accuse et non des individus qui ne font qu’en profiter, plus ou moins mesquinement…

Voici tout d’abord un cas particulièrement intéressant : celui du congé maternité… Loin de moi l’idée de blâmer les femmes qui usent de ce droit légitime. Cependant j’ai remplacé cette année une collègue qui était partie pour un congé maternité. Contrairement à de nombreuses autres personnes dans le même cas, elle a eu la décence de ne pas le faire suivre d’un « congé maladie » ( se terminant une semaine avant les vacances d’été afin d’être payée intégralement), mais elle a eu la force et le courage de se remettre au travail. Néanmoins, sa grossesse l’ayant terriblement affaiblie (admettons), elle n’a repris son emploi qu’à temps partiel (là encore, admettons…). Mais alors, en quoi est-ce aberrant ? Si on ne faisait que considérer le fait qu’elle change de régime en cours d’année (et que par conséquent elle ait été payée à temps plein pendant tout le temps de son absence) il n’y aurait qu’un maigre préjudice financier… Après tout « L’État n’a pas besoin d’argent » , « les caisses sont pleines, profitons-en », « les réformes sont nécessaires mais c’est ailleurs que dans l’Education Nationale qu’il faut trouver des fonds : taxons plutôt le Privé ». Mais en s’intéressant un tant soit peu au bien des élèves (ce qui est, à les entendre, la préoccupation principale des pourfendeurs de réformes…), on peut se rendre compte de l’énorme privilège usurpé par cette enseignante pour « convenances personnelles »… En effet, pendant son absence, je l’ai remplacée en prenant en charge quatre de ses classes. Mais dans la mesure où elle n’a repris son travail qu’à temps partiel, elle a laissé en plan une de ses classes… charge au Rectorat de dénicher un remplaçant pour reprendre cette pauvre classe orpheline. Au bout de trois semaines, le temps pour moi de faire un bref remplacement ailleurs, le Rectorat m’a donc rappelée pour prendre cette seule et unique classe…

Ce qui nous amène à un autre fait intéressant : le nombre de postes. En effet, ayant cette classe en charge, mon emploi du temps devenait difficilement compatible avec tout autre remplacement et ce malgré mon désir de travailler plus que cinq petites heures dans la semaine. Oui, bien sûr, on doit préparer ses cours, corriger les copies… mais je suis payée pour effectuer dix-huit heures… ce n’est donc pas la portée personnelle et financière qui m’a fortement dérangée pendant ce temps, c’est plutôt la désagréable impression de ne pas mériter mon salaire à cause d’un système dont l’égoïsme, les « convenances personnelles » abusives et les revendications rétrogrades seraient autant de grains de sable qui gripperaient la belle machinerie de l’Education Nationale… Pour en revenir au nombre de postes, comment peut-on encore en réclamer plus alors que des professeurs (et j’en suis à mon grand dam) sont payés à ne rien faire ?

Encore un autre exemple de ces dérives méprisables : ayant miraculeusement réussi à me trouver un autre remplacement, le Rectorat m’a envoyée dans un collège pour prendre en charge la classe d’une collègue (celle-ci, pour des raisons médicales, a obtenu une décharge horaire de six heures). Mais afin de pouvoir se soigner au mieux, celle-ci est parvenue à changer quelque chose d’a priori légitime (se faire remplacer pour une de ses classes, afin qu’au moins quelques élèves puissent avoir une année « normale ») en une situation délirante, mais acceptée par le chef d’établissement, consistant à me donner non pas une classe mais une journée (soit cinq heures avec quatre classes différentes). Il est évident qu’on peut difficilement « avancer » en français avec une classe qu’on n’a qu’une heure par semaine… On voit donc que pour avoir une journée libre certains d’entre nous sont capables de sacrifier le bien de leurs élèves, chose qui semble nous être le plus cher (et en tout état de cause, qui devrait l’être réellement). En ce qui me concerne, cela est néanmoins parvenu à compléter mon emploi du temps jusqu’à dix grosses heures … payées dix-huit !

Je pourrais encore citer d’autres exemples que j’ai rencontrés personnellement cette année ou les précédentes, je pourrais citer beaucoup de mes collègues qui sont conscients de ces abus et dérives, je pourrais également écrire tout ce que j’entends dans la « salle des profs » et de la pression qu’on y subit quand on n’est pas d’accord avec la pensée unique qui veut qu’une réforme soit nécessairement mauvaise, mais on me taxerait certainement d’être partisane, d’être mal politisée, de vouloir influencer le lecteur à tout prix… J’en finirai donc en renvoyant la balle à tous mes collègues impartiaux et bien pensants en leur demandant si ce n’est pas outrepasser son rôle et son devoir de réserve que de distribuer des tracts aux élèves, de discuter en cours des réformes face à des jeunes aisément manipulables, d’oublier enfin que si le professeur a le devoir d’éveiller les consciences, d’éduquer à la citoyenneté, il ne doit en aucun cas embrigader ceux dont il a la charge : on sait trop où mène la manipulation de la jeunesse.
Bon courage, Madame !

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