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mercredi 30 janvier 2008

Pouvoir d'achat: on crée une psychose, puis on lance des grèves

La rentrée sociale permanente s'essouffle,
mais les syndicats de gauche veulent maintenir la pression

Ils marchent à la grève; c'est leur drogue: ils sont toujours en manque.
La presse militante a accompli sa besogne. Les Français, ou les foyers présents sur le territoire, en sont maintenant convaincus. Leur pouvoir d'achat a baissé. Seulement voilà, l'INSEE affirme simplement que le pouvoir d'achat des salariés a globalement peu progressé en 2006. Ce qui n'est pas la même chose… Un progrès insuffisant reste un progrès.
En 2006, époque où le sujet n'était pas ressassé et où la rumeur n'avait encore pas fait son œuvre dans l'opinion sensible à ce sujet, le pouvoir d'achat des salaires, globalement en "hausse modérée", a augmenté pour les cadres et les professions intermédiaires, mais stagné pour les employés et même baissé pour les ouvriers, selon une étude de l'Insee publiée mercredi. L'Insee n'utilise pas l'expression "pouvoir d'achat" dans cette étude car elle la réserve au seul "pouvoir d'achat du revenu disponible brut, qui intègre les salaires mais aussi les prestations sociales notamment", a précisé l'Institut
Bien sûr, nous en voulons toujours plus et n'en avons jamais assez. Dès lors quoi d'étonnant que les bas salaires et les foyers bénéficiaires de prestations sociales apparaissent défavorisés… On joue avec les mots en jouant avec les critères. C'est ce qui s'appelle manipuler l'opinion.

Les syndicats ont un bon moyen de relever le pouvoir d'achat. Ceux d'Ile-de-France CGT, CFDT, UNSA, FSU et Sud-Solidaires ont appelé, mardi 29, les salariés du public, comme du privé, à se mobiliser "dans les semaines à venir" pour la défense des salaires et du pouvoir d'achat. La date est secondaire et elle n'est pas fixée: ce qui importe, c'est d'une part de tomber d'accord et d'autre part d'être 'déterminés'…
C'est "l'ensemble des salariés, employés, ouvriers, ingénieurs, cadres, techniciens, chômeurs et retraités qui est appelé à se mobiliser et à agir (...) dans les semaines à venir" pour "relancer des négociations salariales dans les branches et les entreprises, et dans les fonctions publiques", "supprimer les inégalités salariales entre hommes et femmes", "revaloriser les retraites et pensions de réversion", ou encore "garantir un niveau décent d'indemnisation pour les demandeurs d'emploi". Autant de mots d'ordre porteurs quand ils ne sont pas galvaudés. Les situations et les intérêts des uns et des autres ne sont pas les mêmes, mais on globalise, on amalgame: il faut faire nombre, quitte à ce qu'il y ait des dindons de la farce; mais plus il y en aura et mieux ce sera.

Si pour seulement 2008 nous faisons le compte des mouvements de grèves (mais serons-nous complets?), nous avons eu à subir:
- 17-18-19 octobre: régimes spéciaux de retraites et salaires fonction publique SNCF, EDF, GDF, RATP
- 25 au 29 octobre: hôtesses et stewards d’Air France;
- novembre: blocages de sites universitaires par des étudiants contre la loi LRU
- 20 novembre: fédérations de fonctionnaires, dont le SNUipp et la FSU ("grève moyenne");
- 29 novembre: magistrats contre la réforme Dati;
- 19 décembre: avocats;
- 21 décembre: personnels des aéroports;
- décembre-janvier: médecins urgentistes et anesthésistes;
- 8 janvier: CFDT CFTC CGT CGT-FO appellent à la grève l’ensemble des salariés du Régime d’Assurance Chômage pour participer à un rassemblement massif devant l’Assemblée Nationale;
- 14 janvier: 7ème préavis de grève pour les pilotes d’hélicoptère des métiers de l’urgence (SAMU, Secours en montagne….)
- 24 janvier: professeurs de SNUipp et de la FSU
Quel pays dit mieux?

Pourtant, les syndicats ne peuvent ignorer que leurs mobilisations sont à la baisse. La grande grève annoncée du 24 janvier n'a guère eu d'écho. La quantité des mouvements nuit à leur qualité et à l'augmentation du pouvoir d'achat. L'objectif est-il par conséquent les intérêts des privilégiés des transports et des moins favorisés ou le harcèlement du gouvernement?
Prenons les enseignants qui vivent d'amour et d'idéologie. Un professeur des écoles sur trois (34,21%) était en grève jeudi 24 janvier à la mi-journée, selon un décompte du ministère de l'Education nationale portant sur 27 des 30 académies. Les grévistes politiques avaient choisi de réclamer des négociations sur les salaires, dans le cadre de la journée de grève dans la Fonction publique et dans la logique d'un suivi de la campagne de mobilisation de l'opinion sur le pouvoir d'achat.
Ce chiffre souligna une participation en deçà de la précédente journée d'actions à l'appel de la quasi-totalité des fédérations de fonctionnaires, le 20 novembre, qui avait enregistré, selon le ministère une participation de 38,98%. Dans le détail, selon le ministère, 38,45% des professeurs des écoles ont débrayé, 38,45% dans les collèges, 36,52% dans les lycées généraux et technologiques et 31,54% dans les lycées professionnels. Le Snuipp-FSU a lui annoncé une moyenne de 55% de grévistes, selon un décompte partiel portant sur 400 établissements répartis sur tout le territoire. Dans 2000 écoles primaires le service minimum est expérimenté
La quasi totalité des fédérations de l'Education (FSU, Unsa-Education, Sgen-CFDT, Ferc-CGT, FAEN, FO, EIL) appellaient leurs troupes à la mobilisation, rejoints par les étudiants de l'Unef, les lycéens suiveurs de l'UNL et de la Fidl, ainsi que le syndicat Snalc-CSEN (classé à droite) et avec le soutien de la Société des agrégés, des 'intouchables'. Des manifestations ont eu lieu dans la matinée en province comme à Caen, Strasbourg, Le Havre, Le Mans ou Grenoble, où 3000 à 6000 personnes ont défilé dans la rue. A Paris, le cortège devait partir à 14h de la Place de la Bastille.
Bilan de ce déploiement annoncé? Globalement, Eric Woerth a annoncé que 20% des fonctionnaires faisaient grève à la mi-journée, contre 32,6% le 20 novembre. Sur RTL, le ministre de la Fonction publique était fondé a juger la grève "totalement inutile". "Il n'y pas de raison de faire grève". De nombreux fonctionnaires ont manifestement partagé ces avis.
La grève concernait également la fonction publique territoriale, très mobilisée en Ile-de-France selon la CFDT, et les agents des hôpitaux publics, où la direction faisait état d'un taux de grévistes de 11,7% à midi. Des préavis de grève ont aussi été déposés à la Poste : dans la matinée, la direction a recensé 9,46% de grévistes contre 20% selon Sud-PTT. Les transports aériens et terrestres ne sont eux pas affectés par le mouvement. Les salariés de France 2 sont aussi appelés à la grève jeudi pour demander le retrait des huit chantiers de réforme entrepris en décembre par le PDG de France Télévisions, avant l'annonce de la suppression de la publicité.
Non seulement la base ne décide plus, mais elle ne suit pas.
Pourtant, les syndicats s'entêtent et ça continue:
- 30 janvier: taxis
- 31 janvier: Air France -CGT et Sud aérien;
- février: CGT -pouvoir d'achat
- 1er février? CGT RATP "métro et RER"
- 4 février : préavis de grève de SUD Educ pour permettre aux personnels de l'éducation nationale d'aller manifester à Versailles, le jour du vote au congrès de la modification de la constitution française permettant la ratification du nouveau traité européen par le sénat et l'assemblée nationale;
- 13 février: France Télévisions.

Quel pays dit mieux?
Chacun s'accorde pour penser que des réformes sont depuis longtemps nécessaires, mais chacun s'oppose aux réformes lorsque vient son tour. Une réforme n'est possible que si elle concerne les autres.

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